Pascal Servera Photographie
Pascal Servera Photographie
Pascal Servera photographie ce qui reste. Ce qui persiste en silence, ce qu'on ne regarde plus.
Pas de récit, pas de cri. Une attention. Un arrêt. Un geste de cadrage qui révèle sans insister. Un arbre regardé douze fois, une carrière de marbre, un judas de prison, une chorégraphie de fauteuils. Autant de figures du réel rendues à leur densité muette.
L'humain n'apparaît pas. Et pourtant, il est là — dans le vide, dans le retrait, dans ce que les choses portent de lui. C'est un art du portrait inversé. L'arbre devient visage, la pierre devient mémoire, le béton devient tentative.
Ses images sont traversées par une tension : celle entre le vivant et l'artifice, entre ce qui croît et ce qui s'effondre. Il ne juge pas. Mais il montre. Et ce qu'il montre questionne notre rapport au monde. Ce n'est pas de l'écologie — c'est une évologie : une science des seuils, des confins, des déséquilibres.
Parfois, l'humain revient. Non comme individu, mais comme présence incarnée, emportée par le rituel, par la ferveur. Dans Sara la Kali, ce n'est plus l'absence qui parle, mais l'élan, le souffle, le feu collectif. Là encore, un portrait sans visage : un geste, une vibration, un peuple en marche.
Pascal travaille par séries, comme on compose des partitions. Chaque image fait écho à une autre, dans une lente construction de sens. Ce n'est ni un reportage ni une fiction, mais une marche lucide dans les marges du visible.
Il ne dénonce pas. Il n'idéalise pas. Il constate. Et c'est dans cette retenue que naît l'émotion : un accord fragile entre l'ordre et le désordre, entre ce qui fut et ce qui revient.
Sa photographie ne cherche pas ce qu'on voit, mais ce qu'on frôle : ce qui tremble au bord de disparaître.
D.O